Anne CHEYNET

Écrivaine et conteuse

 cheynet.anne@orange.fr
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Anne Cheynet naît en 1938 à Saint-Denis de La Réunion. Elle passe son enfance à Saint-François, dans les Hauts de l’île. Après son baccalauréat, en 1956, elle part pour Aix-en-Provence où elle fait des études supérieures de psychologie. Dans son récit autobiographique, Rivages Maouls, elle écrit « Très vite j’ai aimé le vieil Aix. Je me suis passionnée pour l’Histoire qui sourdait de la pierre patinée où des fougères s’accrochaient à la poussière du Temps. J’ai aimé son beffroi, ses rues esquiche-coudes, dont les pavés inégaux résonnaient encore des épopées gallo-romaines. Parfois il me venait des rumeurs assourdies de l’océan Indien ».

De retour dans l’île en 1963, Anne Cheynet exerce d’abord comme professeur de lettres au collège de « Cayenne » à Saint-Pierre. Après plusieurs années comme professeur de collège, elle choisit de travailler dans le premier cycle pour enrichir son expérience professionnelle et aussi par goût du changement. Elle s’investit dans la politique, voyage, enseigne à Madagascar, à Paris, puis revient à La Réunion où elle poursuit dans le préscolaire sa carrière professionnelle, qu’elle interrompt précocement en 1986.

C’est ce goût du changement et de la diversité qui caractérise Cheynet, une artiste à multiples facettes qui se définit elle-même comme un « papillon ». Son premier recueil de poésie Matanans et Langoutis (1972) et surtout son roman Les Muselés (1977) la lancent dans le monde littéraire et la placent dans la lignée des écrivains engagés.

Cependant Anne Cheynet attend plus de 15 ans avant de publier un autre ouvrage. Pendant cette longue période elle écrit peu (poèmes, chansons, pour la plupart encore inédits) mais s’intéresse à d’autres formes d’expression artistique, notamment le théâtre (un rêve d’enfance) dans lequel elle se perfectionne à travers divers stages (expression corporelle, théâtre de l’opprimé, avec une équipe d’Augusto Boal de passage à La Réunion, mime avec l’artiste chilien Pato). Elle aborde aussi la musique, la danse, peint en autodidacte une série de tableaux d’inspiration mauricienne qui débouche en 1985 sur une exposition intitulée D’une écriture à l’autre, une exposition accompagnée de textes, à travers laquelle Anne Cheynet tente d’exprimer une idée qui lui est chère : celle de la symbiose des Arts.

Ce n’est qu’en 1994 que paraît Rivages Maouls – Histoires d’Annabelle, récit autobiographique. Dans la presse réunionnaise, on écrit : « Quand Annabelle parle on ne peut s’empêcher d’entendre Anne Cheynet murmurer ses cyclones : tourbillons de rêves vrais, de blessures et de guérissures inachevées qui balaient, ou caressent parfois les îlettes solitude » Tébé (novembre 1994). « Des descriptions en croquis de personnages souvent savoureux, ce livre se déroule comme un conte qu’on pourrait lire à voix haute et cela tient sans nul doute à la manière originale avec laquelle travaille l’auteur. Anne Cheynet enregistre en effet son livre au magnétophone sans passer par l’écrit » (Thierry Bara, Le Quotidien 9 novembre 1994).

C’est aussi à cette époque qu’Anne Cheynet se replonge dans un univers qui a charmé son enfance, celui du conte : un univers qui la fascine et redonne de l’élan à sa création. Si elle n’a publié jusqu’à présent aucun livre de contes, cette passionnée des mots, de « l’oraliture » (selon l’expression de Patrick Chamoiseau) ne cesse d’enrichir et d’élargir son répertoire très diversifié.

Elle réalise trois CD : Kiasec (2001), Contes d’Hellènes (2002) et Dans l’Esperbardzour (2004). Dans ce dernier, elle dit « Que vivent les histoires car la vie n’est qu’histoire(s) au singulier comme au pluriel ».

Anne Cheynet, qui réside dans le sud de l’île continue à s’investir pleinement dans le domaine culturel. Elle participe à des salons, à des festivals, intervient pour des publics d’adultes et d’enfants en animant des spectacles, des soirées littéraires, ainsi que des ateliers de théâtre et d’écriture : Kabar pour un petit chêne, conte écrit avec des enfants de MontVert les Hauts paru aux Éditions des Deux Mondes en 1997 et présenté au Salon du livre à Paris en 1998).

Fortement imprégnée de sa culture d’origine, l’œuvre d’Anne Cheynet traduit aussi la philosophie universaliste de l’écrivain et reflète son bilinguisme, voire son trilinguisme, puisqu’elle écrit aussi en créole mauricien, un métissage dans lequel elle se sent parfaitement à l’aise et considère comme une richesse. En parlant de ce métissage dans un article publié dans Le Réunionnais en février 1996, elle dit,
« C’est une chose à laquelle nous devons donner toute sa grandeur et toutes les promesses qu’elle porte. Cette promesse va au-delà d’un mélange de couleurs. Le métissage est le maillon, le processus qui nous conduit progressivement à la reconnaissance de notre identité, unique pour tous : celle d’être humain universel. Parler de métissage, sans avoir engagé en soi-même la démarche de tolérance, mais aussi de pardon, d’acceptation de l’autre à part entière, reste une démarche faussée, un snobisme, une démagogie. En tant qu’écrivain créole, c’est pour moi la cause pour laquelle il vaut la peine de s’engager parce que c’est particulièrement nous, à cause de notre malaise, de notre ambiguité, qui avons actuellement vocation pour en parler. »
Thomas C. Spear – Île en île

En 2014, elle publie aux Éditions Orphie Petite source, album jeunesse illustré par Biscuit et chez Surya Éditions Histoires revenues du Haut Pays, recueil de 14 histoires.

Anne Cheynet est une écrivaine de renom à La Réunion. Elle participe à l’éclosion littéraire des années 1970 à travers des articles militants, des poèmes et un roman Les muselés qui marque son époque. Elle se consacre ensuite au théâtre et au conte, intervenant dans de nombreuses manifestations culturelles. En 2022, La clé dans zot poche – Histoires semées depuis le Grand Sentier aux Éditions Poisson Rouge.oi propose des contes en français et en créole réunionnais illustrés par Claire Ruiz.
Colette Berthier – Éditions Poison Rouge.oi

La clé dans zot poche – Histoires semées depuis le Grand Sentier (Présentation du dernier ouvrage)
Contes en français et en créole réunionnais
Cet ouvrage rassemble des histoires d’hier et d’aujourd’hui qui prennent la forme de contes. L’inspiration et le style de l’auteure viennent des raconteurs de son enfance et tout particulièrement de son père, dont un des contes est directement hérité. Les douze autres contes sont des œuvres d’imagination. Ils empruntent à des histoires vécues ou entendues, à des légendes devenues universelles, aux préoccupations écologiques qui nous obsèdent…
L’auteure utilise le français, langue de l’école, langue de l’écriture et aussi, pour certains contes, le créole réunionnais dans ses diverses formes et transcriptions. Gageons que chacun y retrouvera sa langue.
Claire Ruiz a réalisé les illustrations de ce recueil, à l’aquarelle et à l’encre.

Enregistrements sonores
Dans l’Esperbardzour. Contes et légendes de La Réunion. Textes d’Anne Cheynet, Daniel Honoré et Pierre Vidot. CD. 2004
Contes d’Hellènes. Histoires de la mythologie grecque en créole (version de Renaud Cheynet). CD. 2002
Kiasec. Conte. CD. 2001

Expositions
Pinson. Exposition collective. Saint-Leu (La Réunion). 1991
D’une écriture l’autre. Maison des jeunes et la culture (MJC) de Saint-Pierre (La Réunion). 1985

Manifestations
2023 Salon du livre péi (Saint-Paul – La Réunion)
2022 Salon du livre péi (Saint-Paul – La Réunion)

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13/09/2022

Les muselés

Anne CHEYNET. Éditions Poisson Rouge.oi. Roman. 2023 (1977). 9791090588387

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Éditions Poisson Rouge.oi
Anne CHEYNET

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4e de couverture
Ce roman a été publié pour la première fois en 1977. L’histoire se déroule entre 1954 et 1972, elle est inspirée de témoignages recueillis à La Réunion dans la classe des déshérités. Tout est vu à travers leurs yeux, leurs aspirations, leur culture.
Muselés par l’alcoolisme, l’analphabétisme, la misère, une religiosité opprimante, ils vivent au jour le jour, s’accrochant à tout espoir qui leur est donné, s’y accrochant à court terme, car il faut avant tout survivre. La faim et les conditions de vie lamentables, si elles laissent place à l’illusion, n’en laissent pas souvent au rêve ni à la réflexion politique.
Les faits relatés ne sont pas exceptionnels. La fraude électorale était à l’époque quelque chose de courant ainsi que la pression, la corruption et l’exploitation de l’individu sous ses formes les plus inhumaines. Rien n’est exagéré.

1e édition
Les muselés. Anne CHEYNET. L’Harmattan – Océan Indien. Roman. 1977. 9782858020393

4e de couverture
Saint-Gilles-les Bains, la station de mer célèbre dans l’île de La Réunion. Les bourgeois y ont des résidences secondaires où ils viennent surtout en saison fraiche : les filaos de la plage abritent sous leur feuillage à l’exotique bruissement, les riches villas de ces familles illustres souvent à particule, ces familles aux fortunes insultantes.
Leurs fortunes qui insultent les gens d’en face. Ceux du côté colline.
Côté colline – la voie ferrée jadis, et la route séparent les deux – il y a le contraste, contraste, que peut voir le voyageur qui passe. Mais celui qui habite côté mer le voit-il ?…
S’il le voit, alors le bruissement des filaos devient un pleur, un gémissement intolérable qui l’empêche de dormir la nuit, qui l’empêche de sentir la douceur du sable lorsqu’il fait dorer sa peau blanche. Alors il n’en peut plus et il fait quelque chose pour que s’arrête ce gémissement qu’apporte le vent venant de la colline.
Côté colline. C’est le monde des Alexina, des Antoine, des Camille. Ils habitent là avec leur quotidien de faim et de misère. Ce sont les « muselés » dont parle ce roman réunionnais.

Préface de Les muselés – Île en île

Rivages Maouls – Histoires d’Anabelle

Anne CHEYNET. Éditions Poisson Rouge.oi. Roman. 2023 (1994). 9791090588394

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4e de couverture
C’est l’histoire d’une enfance du temps d’avant, dans les Hauts de l’île de La Réunion. Dans cette nature grandiose la vie est dure et les règles inflexibles, mais les enfants jouent, imaginent, grandissent comme ils peuvent.
Un nouveau monde tout aussi inflexible s’ouvre à la petite Annabelle quand elle entre à l’école religieuse, tout là-bas dans la ville, au bout d’interminables sentiers. Monde étrange que ce pensionnat où évoluent les « Mères » dans leurs habits de couvent.
Ces souvenirs empreints d’émotion, de rêve et de poésie, chantent l’amour du pays natal et laissent transparaitre l’attrait mythique de cette France entrevue à travers les récits et les livres.

1e édition
Rivages Maouls – Histoires d’Anabelle. Anne CHEYNET. Océan Éditions – Détente. Autobiographie. 1994. 9782907064187

4ème de couverture
Mon enfance est une île… Île veut dire seule. Ilette solitude ! J’ai habité longtemps Saint-François… Pour monter chez nous depuis Saint-Denis nous prenions les raidillons puis nous traversions la ravine.