Chantal MICHEL. Éditions Orphie – Différences. Roman. 2019. 9791029803048
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Chantal MICHEL
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4ème de couverture
« Tu auras mis 16 ans à être moi »
Chantal Michel, se souvient…
C’est après un séjour à la Réunion entre 1973 et 1976 que j’ai eu le sentiment qu’il existait encore des endroits où il faisait
bon vivre. Où l’on pouvait avoir envie de vivre tout court.
Alors, j’ai décidé d’écrire, pour pouvoir sans risque d’oublier, occulter en partie l’année dramatique de mes 16 ans où je
suis passée de l’enfance à la maturité.
Pour donner une sorte d’universalité au récit, il n’y a ni lieu, ni date précise dans le texte.
Est-il dit que je ne peux écrire que le couteau sur le coeur ?
Critique
C’est un OVNI qui vient de se poser sur les rives embrumées des déracinés que nous sommes, toujours en quête de ce qui peut faire resurgir notre paradis perdu. Est-ce un roman initiatique ? Les mésaventures d’une Sophie algéroise ? Le journal d’une jeune fille aussi tourmentée qu’impatiente ? Une plongée poétique dans les profondeurs d’un monde oublié ? Le procès-verbal glacé d’un accident de l’histoire ? Difficile de répondre.
Quoi qu’il en soit tout individu ayant vécu ses vingt ans dans une ville d’Algérie autour des années soixante imagine volontiers avoir un moment partagé l’existence de cette Chantal Michel et de se poser une question : « Mais au fait, n’ai-je pas connu là-bas cette fille aussi impertinente que jolie, qui se cache sous ce banal pseudonyme ? ».
Son style nerveux, ses phrases courtes et précises vont à l’essentiel pour évoquer la gamine qui rêvait d’avoir seize ans pour goûter enfin à une émancipation, une liberté que les événements tragiques auront tôt fait de dénaturer. Le 19 mars 1962 allait faire des rêves les moins fous, des illusions à jamais perdues, pour bon nombre d’entre nous.
En ces jours où les tables des libraires débordent de romans insipides réécrits pour la centième fois selon les standards du « politiquement lisible », il est regrettable qu’un tel ouvrage n’ait pas trouvé sa place dans le catalogue d’une grande maison d’édition.
Jean-Pierre Brun
In L’Algérianiste, n° 166, juin 2019, p. 122-123.